
PHOTO DE FICHIER : Les Palestiniens déplacés fuient vers le sud après que les forces israéliennes aient ordonné aux habitants de la ville de Gaza d'évacuer vers le sud
par John Irish et Michelle Nichols
NATIONS UNIES (Reuters) -La France et l'Arabie saoudite réunissent lundi à New York des dizaines de dirigeants mondiaux pour rassembler derrière une solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens, alors que certains pays vont reconnaître formellement l'Etat de Palestine - une démarche critiquée par Israël et les Etats-Unis.
Ce sommet, organisé à la veille de la première journée de débat général de la 80e session de l'Assemblée générale de l'Onu, va être boycotté par Israël et les Etats-Unis, a fait savoir l'ambassadeur israélien aux Nations unies. "Nous ne pensons pas que c'est utile", a déclaré jeudi Danny Danon aux journalistes, dénonçant un "cirque". "Nous pensons au contraire que cela récompense le terrorisme", a-t-il ajouté.
En réponse à ces efforts diplomatiques initiés par la France, qui a annoncé en juillet son intention de reconnaître l'Etat de Palestine, des responsables israéliens ont prévenu que l'Etat hébreu envisageait d'annexer la Cisjordanie occupée ainsi que de prendre des mesures bilatérales contre Paris.
L'administration du président américain Donald Trump a également prévenu de potentielles représailles contre ceux qui prendraient des mesures contre Israël, dont Washington est le plus proche allié, pointant notamment du doigt la France, alors qu'Emmanuel Macron va présider le sommet de lundi.
Bien que l'Arabie saoudite en soit co-organisatrice, le prince héritier Mohammed ben Salman ne sera pas présent à New York et participera au sommet via visioconférence.
Les discussions vont se tenir alors qu'Israël a lancé une vaste offensive terrestre dans la ville de Gaza, près de deux ans après le début de son "siège total" de la bande de Gaza en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, et alors que les négociations indirectes sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas restent dans l'impasse.
Parallèlement à la guerre dans l'enclave palestinienne, Israël a intensifié ses opérations et étendu ses colonies en Cisjordanie occupée, ce qui a incité des pays à agir, craignant que la perspective même d'une solution à deux Etats s'évapore définitivement.
Un rapport d'une commission d'enquête des Nations unies publié la semaine dernière conclut qu'Israël commet un génocide dans la bande de Gaza et que les plus hauts responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont incité à de tels actes.
QUE CELA SE "MATÉRIALISE"
L'Assemblée générale de l'Onu a approuvé plus tôt ce mois-ci une déclaration de sept pages appelant à des "mesures tangibles, définies dans le temps et irréversibles" vers une solution à deux Etats et condamnant le Hamas, exhorté à rendre les armes.
Ce document, fruit d'une conférence à New York sur la question palestinienne co-présidée par la France et l'Arabie saoudite en juillet, a été dénoncé immédiatement par Israël et les Etats-Unis, absents de la réunion.
"La Déclaration de New York n'est pas une vague promesse pour un futur distant, mais plutôt une feuille de route qui débute par les priorités les plus importantes: un cessez-le-feu, la libération des otages, et l'entrée sans entrave d'aide humanitaire à Gaza", a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, devant des journalistes.
Une fois effectifs un cessez-le-feu et la libération des otages, a-t-il ajouté, "l'étape suivante est un projet pour le jour d'après, qui sera au programme des discussions de lundi".
Emboîtant le pas de la France, plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces dernières semaines leur intention de reconnaître l'Etat de Palestine, un mouvement jusque-là dominé par des nations plus petites et traditionnellement plus critiques à l'égard d'Israël. Cela est devenu officiel dimanche pour la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et le Portugal.
La France et cinq autres Etats devraient formellement faire de même lors du sommet organisé lundi.
Certains gouvernements ont indiqué qu'il y aurait des conditions, tandis que d'autres ont fait savoir que la normalisation des liens diplomatiques s'effectuerait par étapes et dépendrait de la mise en oeuvre des réformes promises par l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée où elle dispose de prérogatives limitées.
Israël a exprimé sa défiance à l'égard du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et de la volonté réelle de celui-ci de mettre en oeuvre les réformes détaillées dans une lettre qu'il a adressée plus tôt cette année à Emmanuel Macron.
Ni Mahmoud Abbas, ni des dizaines de responsables palestiniens ne participeront en personne aux discussions aux Nations unies, Washington ayant refusé de leur délivrer des visas d'entrée sur le territoire américain. Abbas s'exprimera par visioconférence lors de l'Assemblée générale de l'Onu.
Il faut que la reconnaissance d'un Etat de Palestine se "matérialise", a déclaré dimanche la ministre palestinienne des Affaires étrangères, Varsen Aghabekian Shahine, devant des journalistes. "Le monde doit maintenant nous montrer quelles sont les mesures".
(John Irish et Michelle Nichols; version française Jean Terzian)
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